Denying temporal succession, denying the 'I', denying the astronomical universe, are apparent despairs and secret consolations. Our destiny (unlike the hell of Swedenborg and the hell of Tibetan mythology) is not frightening because it is unreal; it is frightening because it is irreversible and iron-like. Time is the substance of which I am made. Time is a river that carries me, but I am the river; it is a tiger that tears me apart, but I am the tiger; it is a fire that consumes me, but I am the fire. The world, unfortunately, is real; I, unfortunately, am Borges.
sábado, 13 de junio de 2020
Sale, mal habillé, par Roberto Bolaño
Sur le chemin des chiens, mon âme a retrouvé
mon cœur. Détruit, mais vivant,
sale, mal habillé et plein d'affection.
Sur le chemin des chiens, où personne ne veut aller.
Un chemin que seuls les poètes empruntent
quand ils n'ont plus rien à faire.
Mais j'avais encore tant de choses à faire !
Et pourtant, j'étais là : à me faire tuer
par les fourmis rouges et aussi
par les fourmis noires, parcourant les villages
Vides : la peur qui s'élevait
jusqu'à toucher les étoiles.
Un Chilien éduqué au Mexique peut tout supporter,
pensais-je, mais ce n'était pas vrai.
La nuit, mon cœur pleurait. Le fleuve de l'être, disaient-ils
des lèvres fébriles que j'ai découvert plus tard être les miennes,
le fleuve de l'être, le fleuve de l'être, l'extase
qui se replie sur les rives de ces villages abandonnés.
Invocateurs et théologiens, diseurs de bonne aventure
et bandits de grand chemin sont apparus
comme des réalités aquatiques au milieu d'une réalité métallique.
Seules la fièvre et la poésie provoquent des visions.
Seulement l'amour et la mémoire.
Pas ces routes ou ces plaines.
Pas ces labyrinthes.
Jusqu'à ce qu'enfin mon âme a retrouvé mon cœur.
Il étais malade, c'est vrai, mais il étais vivant.
mon cœur. Détruit, mais vivant,
sale, mal habillé et plein d'affection.
Sur le chemin des chiens, où personne ne veut aller.
Un chemin que seuls les poètes empruntent
quand ils n'ont plus rien à faire.
Mais j'avais encore tant de choses à faire !
Et pourtant, j'étais là : à me faire tuer
par les fourmis rouges et aussi
par les fourmis noires, parcourant les villages
Vides : la peur qui s'élevait
jusqu'à toucher les étoiles.
Un Chilien éduqué au Mexique peut tout supporter,
pensais-je, mais ce n'était pas vrai.
La nuit, mon cœur pleurait. Le fleuve de l'être, disaient-ils
des lèvres fébriles que j'ai découvert plus tard être les miennes,
le fleuve de l'être, le fleuve de l'être, l'extase
qui se replie sur les rives de ces villages abandonnés.
Invocateurs et théologiens, diseurs de bonne aventure
et bandits de grand chemin sont apparus
comme des réalités aquatiques au milieu d'une réalité métallique.
Seules la fièvre et la poésie provoquent des visions.
Seulement l'amour et la mémoire.
Pas ces routes ou ces plaines.
Pas ces labyrinthes.
Jusqu'à ce qu'enfin mon âme a retrouvé mon cœur.
Il étais malade, c'est vrai, mais il étais vivant.
miércoles, 10 de junio de 2020
Il y a d'abord la solitude, par Darío Jaramillo Agudelo
Il y a d'abord la
solitude.
Dans les
entrailles et au centre de l'âme:
c'est l'essence,
le fait fondamental, la seule certitude;
que seule ta
respiration t'accompagne,
que tu danseras
toujours avec ton ombre,
que cette
obscurité, c'est toi.
Ton cœur, ce
fruit perplexe, n'a pas à aigrir avec ton destin solitaire;
laisse-le
attendre sans espoir
puisque l’amour
est un cadeau qui vient un jour de lui-même.
Mais d'abord il y
a la solitude,
et tu es seul,
tu es seul avec ton
péché originel - avec toi-même.
Peut-être une
nuit à neuf heures
l'amour apparaît
et tout explose et quelque chose s'illumine en toi,
et tu deviens un
autre, moins amer, plus heureux;
mais n'oublie
pas, surtout alors,
Quand l'amour
vient et il te brûle
que d'abord et
toujours il y a ta solitude
et puis rien
et puis, si cela arrive,
il y a de l'amour
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